Beaucoup d’innovations, pas (encore ?) de révolution

Alexandre Malarewicz

Les innovations se multiplient dans le champ de la formation. Du micro à l’adaptative en passant par le virtual ou encore le mobile learning, on ne compte plus les nouveautés. Ce tumulte pose néanmoins question : le secteur en est-il profondément transformé pour autant ? Quelle est véritablement l’efficacité de ces nouvelles modalités d’apprentissage ? Comment sélectionner ses outils et méthodes pour se concentrer sur l’impact des formations sans céder aux sirènes de la nouveauté ?

Les experts du secteur s’accordent : il s’agit d’être prudent face à de multiples innovations alléchantes qui livrent pourtant parfois des résultats décevants. Ces mêmes experts affirment que certains standards de formation ne sont pas destinés à évoluer. Ainsi, si les innovations technologiques récentes apportent des transformations conséquentes, elles ont également leurs limites et il convient de bien les connaître pour choisir ses outils avec discernement.

Innovation technologique ne rime pas toujours avec innovation pédagogique

Une innovation pédagogique est liée à la manière d’acquérir de nouveaux savoir-faire ou savoir-être. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, l’innovation technologique, elle, est au service de l’apprentissage et vient donc accélérer le développement d’une innovation pédagogique. Dans cette logique, la technologie doit donc être considérée comme un catalyseur qui accélère l’évolution des manières d’apprendre, et non comme un précurseur qui impose des évolutions.

Lorsque l’on étudie les 3 principales innovations pédagogiques des dernières années, on voit comment la technologie peut être au service des nouvelles manières d’apprendre :

L’interactivité et l’apprentissage collectif facilités par les MOOC, forums, chats etc.

L’individualisation du rythme d’apprentissage et notamment l’adaptation du contenu, largement développés via l’adaptative learning, mais aussi l’intelligence artificielle ou encore le machine learning.

La flexibilité du temps d’apprentissage, de plus en plus généralisée à travers le micro-learning, le mobile-learning et de manière plus large la mise à disposition facilitée de contenu à travers les Learning Management Systems (LMS).

Or la technologie n’est pas toujours au service de la pédagogie.

Nous vivons à l’ère de l’immédiateté, notre temps d’attention se réduit, notre capacité de concentration s’amenuise. Nous consommons de plus en plus de contenu et en assimilons de moins en moins. Les formateurs reconnaissent devoir raccourcir leurs formations, proposer du coaching express à distance pour faire face au manque de concentration… Ainsi, si le micro-learning se développe, ce n’est pas que pour des raisons pédagogiques, c’est également une réponse technologique face à des enjeux sociologiques.

L’enjeu pour un responsable formation est donc de comprendre la motivation profonde d’une solution : si le mobile learning peut être motivé par une réflexion de fond sur la segmentation du savoir, il peut tout autant être une solution artificielle pour capter l’attention des formés. Tous les outils ne se valent donc pas. Ainsi, revenir aux enjeux de pédagogie et d’apprentissage permet de trier les solutions réellement pertinentes.

Philippe Fernandes – Gestionnaire de carrière chez Nexton Consulting : " ces nouvelles modalités de formation sont aussi une réponse à un besoin d’immédiateté, c’est une évolution liée à celle de nos sociétés et à laquelle la formation a dû s’adapter afin de capter l’attention des stagiaires. "

La technologie n’apporte pas toujours de solution miracle

Prenons l’exemple du présentiel : la technologie est un renforcement plutôt qu’un remplacement. Aujourd’hui de nombreux formateurs s’accordent sur l’idée que les formations en présentiel présentent de nombreux avantages qui n’existent pas dans les formations en ligne. La relation humaine lors d’une formation apporte une valeur ajoutée complémentaire. Des solutions de substitution existent mais s’accompagnent d’une perte de qualité : une formation vidéo sera plus standardisée, une formation à distance sera moins riche qu’un échange en face à face.

Flore Ozanne, Executive Coach : " l’impact de la formation, c’est aussi tout ce qui se passe autour : les temps informels, le débrief, les relations avec les autres… c’est ce qui fait que c’est efficace ".

De la même manière, alors que les contenus se multiplient, ce qui compte c’est avant tout la manière de transmettre. Il n’a jamais été aussi facile de trouver de la connaissance : articles, podcasts, vidéos, tutoriels, MOOCs… Pourtant, cette profusion d’information n’assure pas la maîtrise des compétences. Le rôle du formateur est de donner sens et structure à cette information facilement accessible et de l’intégrer à un processus pédagogique adapté qui aboutisse à un apprentissage rapide et durable.

C’est pourquoi il convient de se méfier des catalogues exhaustifs proposés par plusieurs solutions de LMS. Si le processus d’apprentissage n’est pas structuré, l’apprenant se retrouve noyé par le contenu et surtout par un sentiment de "peur de passer à côté” qui nuit souvent à son assiduité. De plus, les suggestions automatiques de ces solutions, basées sur de l’intelligence artificielle, donnent souvent des résultats médiocres. Un élément de plus qui confirme l’importance de l’intervention humaine d’un responsable pédagogique qui va construire les conditions pour que l’apprentissage soit efficace.

10 techniques pour bien choisir et déployer ses outils pédagogiques

Comme nous l’avons vu, la technologie n’est pas toujours synonyme de progrès pédagogique. La question qui se pose est donc " comment distinguer les outils ? " et une fois que ces derniers ont été choisis " comment accompagner leur déploiement ? ". Ces techniques pourront vous aider :

  1. Focalisez-vous sur ce qui apporte de la valeur compte tenu de vos objectifs et des besoins de l’utilisateur final.
  2. Nourrissez une culture sur le sujet via une veille permanente qui mettra en perspective les différentes innovations et leur efficacité effective.
  3. Vérifiez que la solution choisie est évolutive et qu’elle peut être déployée progressivement avec agilité.
  4. Ne cherchez pas l’innovation à tout prix mais concentrez-vous sur les modules fiables, déjà testés et pouvant être déployés immédiatement.
  5. Méfiez-vous des mots-valises comme "machine learning” ou encore "intelligence artificielle” et armez-vous pour vérifier qu’ils sont utilisés à bon escient.
  6. N’oubliez pas qu’un outil ne devrait jamais dicter un usage, un bon outil vient accompagner et accélérer un mouvement déjà déclenché, sert de support à une réflexion construite sur une vision partagée.
  7. Accompagnez toujours les innovations d’un suivi de qualité et personnalisé.
  8. Identifier votre population d’early adopters au sein de l’entreprise.
  9. Soignez votre communication autour du déploiement de l’outil.
  10. Récoltez les retours d’expérience, identifiez les freins et les barrières à l’adoption de ces nouvelles solutions.

Alexandre Malarewicz

Co-fondateur Empowill

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    Mots-clés: FORMATiON, APPRENTISSAGE, INNOVATION, PEDAGOGIE

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