Chantal HEMARD & Gérard REYRE
L’autoévaluation se présente sous de multiples facettes dont, en particulier, les sciences de l’éducation se font l’écho depuis de très nombreuses décennies pour dénouer et éclairer la complexité de l’individuation et son rapport à l’apprentissage. Par contre, il faut attendre une période plus récente pour que la poussée de l’individualisation et particulièrement son entrisme dans l’entreprise mette en exergue qu’en toute simplicité, le destin d’un individu lui appartient quoiqu’il lui arrive.
Lui donner la parole ne procède pas d’un seul point de méthode qui consisterait à ce que l’on attend par exemple d’un apprenant : « accepter de voir en arrière pour porter un œil critique sur soi, appuyé sur des critères (…), conduisant à une prise de décision pertinente et efficiente sur la base d’un référentiel intériorisé. Cette aptitude réflexive permet une prise de conscience de son action ; lucidité indispensable à tout apprentissage signifiant que seul l’élève, en tant que sujet, peut réaliser. ». L’enjeu est tout autre en entreprise, même si, dans l’absolu, cette dimension d’apprentissage est centrale pour le développement d’une personne. Nous ferons l’hypothèse que l’autoévaluation dans sa version entrepreneuriale est frappée d’une ambiguïté majeure qui fait tanguer le dispositif d’évaluation et sa récente promotion de l’autoévaluation vers l’auto-admonestation du contrôle par l’intériorisation de la mesure prescrite et sa dérive vers la sanction.