La loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel est promulguée depuis septembre 2018, les principaux décrets d’application sont entrés en vigueur et comme tous les acteurs du champ de la Formation Professionnelle, les universités sont confrontées à une obligation de bouleversements d’ampleur. Saisir les opportunités de la loi, profiter de la liberté d’agir pour positionner nos universités sur les différents marchés de la formation professionnelle est un enjeu stratégique majeur. Le 46e colloque du réseau FCU, réuni à Nice, a été l’occasion de débattre et d’échanger sur la notion de performance de la formation professionnelle.
Retour sur quelques temps forts
Conférence - La performance de la formation professionnelle dans un marché dérégulé
- Antoine Foucher - Directeur de cabinet de la Ministre du travail
- Laurent Durain - Directeur de la Formation Professionnelle - Caisse des Dépôts
Cette conférence introductive « à double voix » offrait l’opportunité aux participants de recueillir « à la source » une information sur l’une des mesures emblématiques de la réforme, le développement d’une appli « grand public » sur smartphone pour permettre à chacun de mobiliser aisément son CPF.
Antoine Foucher a rappelé les enjeux de la réforme avec comme point central la compétence des individus pour une performance/compétitivité des entreprises dans un contexte de mondialisation. Pour lui, le cœur de la réforme n’est pas la dérégulation du marché mais bien sa désintermédiation.
Concernant l’appli CPF, Laurent Durain a, en particulier, pointé deux éléments forts :
- pour les utilisateurs/bénéficiaires : l’accès à un service unique dans le monde ;
- pour les organismes de formation (OF) : l’accès à une place de marché totalement gratuite pour eux.
Les grands principes des conditions générales d’utilisation, les éléments du parcours d’achat et la structuration de la relation entre les OF et la CDC doivent conduire les OF à réfléchir à leur stratégie de mise en ligne de leur offre sur la plateforme.
Table ronde – Performance et compétences : le point de vue des opérateurs
- Jérôme Vandamme - Chef de cabinet du président - UPE06
- Anne Mascarelli – Consultante RH - HTI Executive Search
- Daniel Sfecci - Président - UIMM Côte d’Azur
- René Poillon - Secrétaire Général de Constructys Paca & Corse
- Nathalie Picard - Responsable de la certification - Direction des Diplômes, Titres et Certifications - CFPB
Alors que la reprise économique permet aux entreprises d’envisager de nouvelles marges de manœuvre, la transition numérique et les mutations socio-économiques transforment l’emploi dans tous les secteurs d’activité. Dans un contexte de chômage massif, les entreprises peinent cependant à pourvoir des emplois nécessitant des compétences de plus en plus pointues.
La formation professionnelle, dont l’apprentissage, constitue la colonne vertébrale d’un système vertueux pour la compétitivité des entreprises françaises. Le parcours de formation doit permettre à chacun l’acquisition des compétences nécessaires à un projet professionnel éclairé.
L’offre de formation professionnelle doit être repensée. Elle doit être multimodale et basée sur l’approche par compétences. L’adaptation de cette offre aux besoins des territoires consacre ainsi la nécessité de liens toujours plus forts entre les universités et les entreprises.
Table ronde – Performance et nouvelle définition de l’action de formation : quelle place pour les universités
- Sabrina Dougados - Avocat associé - Fromont-Briens
- Claire Daniel - CD CONSULTING
- Philippe Debruyne – Administrateur de France Compétences - Pdt de la commission Evaluation – CFDT
- Anne-Lise Ulmann – Maître de conférences en sciences de l’éducation - Cnam
La table ronde a permis une présentation des éléments juridiques et pédagogiques liés à la modalité de formation en situation de travail (Afest).
Dans un contexte propice à l’Afest et à l’innovation pour le développement des compétences, l’encadrement juridique permet de définir le séquencement chronologique et les éléments probants attendus.
L’Afest représente alors une réelle opportunité pour l’entreprise et l’université de déployer un dispositif nourrissant la transversalité entre le monde économique et l’université, transversalité aussi bien vis-à-vis de la formation que de la recherche.
Pour les universités, la mise en œuvre de l’Afest questionne le modèle économique, sa place dans des parcours de formation hybride, l’Afest en réponse à une prescription VAE.
Et si pour les universités, l’Afest était une ouverture à ramener des situations de travail à l’université et ainsi assurer de la perméabilité entre situations de travail et situation de formation ?
Conférence - Performance des individus / performance du système de formation professionnelle : un éclairage pour la formation professionnelle à l’université
- René Bagorski – Président de l’AFREF (Association française de réflexion et d’échanges sur la formation), co-auteur du rapport « Les opérateurs de compétences : transformer la formation professionnelle pour répondre aux enjeux de compétences »
Après un bref rappel historique sur les conceptions successives de la formation continue René Bagorski pose clairement les termes du débat : aujourd’hui la formation continue est un marché, dont les produits sont jugés sur leur performance en terme d’employabilité des formés. L’université saura-t -elle évoluer dans ce marché, où le diplôme ne donne plus le la, et les blocs de compétences deviennent le mètre étalon.
La loi du 5 septembre 2018 ambitionne d’investir massivement dans les compétences essentielles à la compétitivité, de favoriser la construction des parcours professionnels pour vaincre le chômage de masse. Elle réaffirme, d’une part la responsabilité sociale des entreprises à travers le plan de developpement des compétences, l’obligation de former et la nouvelle définition de l’action de formation et d’autre part, elle consacre l’idée d’un individu « responsable » de son employabilité et de la sécurisation de son parcours professionnel.
Elle ouvre donc des perspectives de co-construction de parcours avec le CPF monétarisé pour réaliser à la fois des projets individuels et professionnels. Mais les choix du salarié sont contraints, par les listes de certifications inscrites au RNCP et le système des abondements qui donne un droit de regard au financeur.
Ainsi, le salarié devient acteur de la construction de sa qualification mais en est-il auteur ? Etre acteur, c’est jouer un rôle défini, en revanche être auteur, c’est écrire son propre scénario, déterminer ses choix qu’ils répondent ou non aux besoins de l’économie.