Interview croisée de Christophe Carpinelli, Directeur adjoint de l’Executive Education, et de Jean-Michel Moutot, Docteur en gestion et professeur de management à Audencia. Ils nous en disent plus sur les nouvelles approches poussées par Audencia afin d’aider les entreprises dans leur transformation dans un contexte marqué par la crise, les incertitudes et la nécessité d’évoluer.
Dans le monde de la formation continue, Audencia Executive Education mise sur de nouvelles approches. Quelles sont-elles et pourquoi ce choix ?
Quiconque sort un peu la tête de son confinement ne peut être que frappé par la tension du débat public. Il semble que nous partagions de moins en moins de choses collectivement. Mais cette tension se ressent aussi au sein des organisations, grandes et petites, confrontées à des défis qui vont bien au-delà de la gestion d’une situation très incertaine et très complexe, dans laquelle personne n’arrive à se projeter.
Face à l’incertitude, les modèles actuels ne fonctionnent plus
Ces modèles classiques sous-tendent une croissance infinie dans un monde fini alors qu’il est évident que nous avons atteint les limites de ces mêmes modèles. Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de se poser les bonnes questions pour les faire évoluer : est-il encore pertinent à l’heure actuelle de proposer des modèles d’optimisation économique basés sur la profitabilité des entreprises ? Quelles leçons devons-nous tirer des crises que nous traversons ?
Nous pensons qu’il devient essentiel d’allier l’esprit scientifique à l’esprit d’entreprise. En effet, il y a une déconnexion très marquée entre le monde de la science et celui de l’économie. Cela se traduit, par ailleurs, par une incapacité à anticiper et à se préparer à des événements majeurs, comme la crise que nous vivons actuellement (fruit de dérèglements sociologiques, environnementaux et géopolitiques) alors que les mutations en termes d’attitudes n’ont pas été intégrées dans les modèles économiques.
Face à ces constats, Audencia Executive Education cherche à rapprocher la dimension scientifique et économique en capitalisant notamment sur les neurosciences et la neuro-éducation : comment travailler sur la notion de facteur humain ? Quelle est la place du cognitif et des émotions dans les nouveaux modèles ? Comment faire bouger les attitudes et les comportements grégaires ?
Dans cette démarche, il y a un enjeu fort de déconstruction des réflexes conditionnés et des « recettes » d’antan. Il y a un travail de questionnement et de remise en question pour abandonner les schémas préformatés et réinventer les nouveaux modèles.
C’est une dimension très importante dans les cursus que nous proposons aux entreprises. Nous allons ainsi questionner, dans un premier temps, les acquis, pour déconstruire ensuite les modèles établis afin d’être en capacité à remobiliser l’intelligence collective. Cette intelligence collective se mobilise autour d’externalités de l’entreprise qui ont changé : l’environnement, le social, l’économie … Nous intégrons également l’influence de la technologie sur l’humain (Learning machine, Nudge…) et comment elle va impacter les trajectoires et les modèles de demain qui vont émerger.
Il faut créer une « nouvelle case » sur de nouvelles bases. Sans cette nouvelle case, notre cerveau ne peut agir et continue de produire les mêmes modèles.
C’est pour cette raison que nous travaillons sur le passage d’un mode automatique formaté, à un mode plus adaptatif pour prendre de la hauteur et changer de point de vue. Ce travail est réalisé en utilisant les dernières avancées en neurosciences cognitives (point de bascule, biais cognitifs, utilisation des zones de stress, comportement grégaire).
Concrètement, comment cela se traduit-il en termes de proposition de formation à destination d’un public de cadres et de dirigeants ?
Par exemple, quand un comité de direction ou un comité exécutif se réinterroge sur sa stratégie, la première étape est de formaliser les intentions, de verbaliser leur réflexe stratégique pour analyser une situation et pouvoir ainsi imaginer les stratégies futures.
L’enjeu est de les amener à se questionner sur leur mode de fonctionnement habituel afin de les « déconstruire » et mettre en évidence les limites de ces méthodes centrées essentiellement sur l’impact économique et la profitabilité.
À partir de là, nous entamons un travail de réflexion basé sur les neurosciences cognitives pour les aider à se défaire de leurs modèles habituels et à aller vers un mode plus adaptatif. Ce nouveau mode va les aides à enrichir leur modèle existant en prenant en compte les variables souvent délaissées dans les prises de décision (dynamique interne sociale, l’impact sur l’environnement extérieur de l’entreprise, l’écologie…)
C’est pour cela que la clé des modèles mentaux est si importante. Elle nous permet de décrypter les discours, de démonter des arguments mais surtout de reconstruire le sens que nous voulons donner à une époque de transformation profonde.
Vous faites aussi appel à des bonnes pratiques inspirantes de l’univers du sport. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sont des bonnes pratiques que nous cherchons à intégrer dans nos dispositifs de formation. Ainsi, l’intégration du sport ; à travers la dimension de la préparation mentale vont apporter non seulement de nouvelles approches mais aussi permettre de réinterroger les modèles existants en profondeur.
Au sein de l’Executive Education d’Audencia, cette démarche se traduit par un « travail en profondeur » sur une meilleure connaissance de soi et de ses modes de fonctionnement pour encourager « l’agilité » et inventer les modèles de transformation de demain. Dès le début de nos programmes, nos apprenants bénéficient d’une approche transversale, issue du milieu sportif et Santé - pour encourager les passerelles entre des environnements connexes et favoriser le travail sur le corps, le cognitif et les émotions.
Quel sont les enjeux des entreprises de demain ?
Le facteur humain reste un élément central. Depuis plus de 20 ans, les entreprises ont pris l’habitude de travailler sur la structure et les processus puis d’aligner le facteur humain sur ces éléments. Or, l’humain est la variable essentielle pour créer de la valeur et la redistribuer.
La responsabilité sociétale des entreprises doit aussi s’incarner dans des actions mesurables dans les activités. Quand les Français parlent de RSE, ils ne s’attendent pas à ce que les entreprises règlent à elles seules la question de la transition écologique ou les débats sociétaux. Les attentes sont aussi dans la transparence des modes de production des produits et services. Selon une dernière étude LES, 26 % des Français seulement estiment que les marques communiquent suffisamment sur leurs engagements RSE.
Audencia à développé des champs d’expertises forts autour de ses enjeux d’évaluation, de mesurabilité et de communication sur les engagements RSE. Plusieurs dipositifs d’accompagnement et de formations sont proposés aux entreprises et aux cadres. C’est notamment le cas avec notre MBA Chief Value Officier qui est une des premières formations internationales à couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur : au-delà de la dimension financière, la référence à « value » renvoie aussi à l’environnement, l’humain et le sociétal. Cette formation a vocation à aider les entreprises à prendre en considération la dynamique interne mais aussi l’ensemble des externalités. Nous essayons d’étendre cette stratégie à l’ensemble de nos programmes.
Et pour conclure, quel est le positionnement de votre Offre Audencia Executive Education ?
Au travers de notre offre, nous cherchons à participer à l’ensemble de ces transformations en croisant les expertises scientifiques et économiques.
Nous partageons la conviction que l’attractivité des entreprises de demain se dessinera dans les engagements économiques, environnementaux et humains. Audencia met à disposition plusieurs dispositifs innovants qui favorisent l’interaction entre des expertises scientifiques et économiques. Nous lançons en début d’année 2021 un espace innovant dédié à la réflexion stratégique des entreprises dénommée Tipping Point (point de bascule) qui permet d’accélérer les convergences de décideurs en interactions avec des experts Audencia.
Choisir Audencia Executive Education, c’est ainsi s'engager dans une expérience d’apprentissage innovante, fondée sur une exigence d'excellence reconnue tant au niveau national qu'international, où nos participants vivent une véritable aventure humaine et de transformation personnelle.